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Un texte de 

Coralie NONNENMACHER

Lauréat de l'Aide à la création ARTCENA 2023

Mise en scène

Audrey BERTRAND

 

Avec

Robin BETCHEN

Coralie NONNENMACHER

Création 2025

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Co-production

Cie Irrésistance

Cie La Moineau

Avec le soutien

de la Mairie d’Arles

Un frère et une sœur en pleine nuit se trouvent tour à tour et en même temps au bord d’une fosse sur un chemin de campagne, dans une cuisine et à l’avant d’une voiture. Les langues se délient, les reproches fusent, les questions sont proscrites. Il s’est passé quelque chose, il s’est forcément passé quelque chose de terrible.

Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi nous est-il parfois impossible de réagir face à la douleur de quelqu'un qu'on aime ? Que se passe-t-il quand la seule issue d'une femme est de répondre à la violence par la violence ?

Il aura fallu attendre que quelqu'un meure pour qu'ils puissent enfin se parler.

N O T E   D ' I N T E N T I O N
de la metteuse en scène Audrey BERTRAND

“Sans poser de question” est un texte qui parle de notre condition de femmes dans notre société contemporaine. Comment survivre à des années de dominations sans commettre l’irréparable ? On ne peut ignorer les violences faites aux femmes, on ne peut plus se taire face à ces situations. Je crois profondément en la dimension politique du théâtre, espace d’écoute, de débat et d’éveil de nos consciences.

Depuis plusieurs années je ne cesse de me questionner sur la condition des femmes, sur ma condition, tant dans l’espace public que dans le cercle intime. Depuis plusieurs années, je souhaite faire entendre hauts et forts notre féminité, nos problématiques, les violences constantes subies, les remettre au centre de la création.

 

« J’ai cru qu’il avait vu en moi la combattante, la cabossée »

Sans poser de question, Coralie Nonnenmacher-Guérin

 

Pour commencer, il y a d’abord un contexte important : l’envie furieuse de cette création portée par deux femmes et un homme trentenaires, mais aussi, la volonté d’amener au plateau une écriture de femme, une autrice.

 

Le texte de Coralie Nonnenmacher-Guérin me frappe par son humanité, sa féminité. Elle expose ici, une situation qui ne peut se régler par autre chose que par la violence, mais aussi la complexité du processus de penser qui a pu l’amener à commettre l’irréparable. Nous lisons également la nécessite de cette relation fraternelle qui nous permet d’entendre. Mais tuer un homme violent pourrait-il être un acte considéré comme légitime défense ? Pouvons-nous le penser en tant qu’humain même si juridiquement il en est autrement. C’est une question qui a déjà été posée dans la sphère publique et médiatique notamment à travers le procès de Jacqueline Sauvage. Il s’agit ici, de la capacité d’acceptation des femmes, de l’acceptation de l’humiliation depuis notre plus jeune âge, d’un cercle de violence répété qui pousse à définir, comme pourrait la nommer notre société, une femme hystérique.

 

“ La stigmatisation des femmes comme “hystériques” est une constante des mouvements antiféministes et masculinistes. Elle permet de mater toute volonté d’émancipation politique ou de dénonciation des violences. Comment fonctionne ce mécanisme de réduction au silence ? “

Toutes des hystériques ! La fabrique du silence

Série Radiophonique – France culture

 

Ce qui m’importe dans “Sans poser de question” c’est l’écriture de l’autrice et sa façon de traiter cette « difficulté de dire », elle écrit un dialogue, qui pourrait presque être deux monologues tant la logorrhée verbale des deux êtres est présente, tant la nécessité du silence se fait sentir.

 

Afin, d’être fidèle à ces questionnements et à cette langue, je veux travailler autour de l’aspect symbolique. La parole doit être primordiale, pour cela, la mise en scène se doit de travailler sur l’épure afin de laisser la place à l’émotion et aux enjeux fort de ces frères et sœurs. Les protagonistes passent d’un lieu à l’autre afin de retracer une histoire, et d’atteindre leurs objectifs mais ces endroits, n’ont à mon sens pas le besoin d’être montrés, d’être réels. Pour cela, je veux travailler avec un.e vidéaste / plasticien.ne sur la représentation de la parole, de la difficulté à dire, à se parler. On pourrait envisager des visages qui auraient changé à force de ne pas dire, mais aussi des paysages qui représente le silence ou la libération, ou enfin des motifs procurant à chaque spectateur des sensations, d’enfermement, de libération, de douleur, d’amour.

Il y aussi un travail important à réaliser sur le son, l’ambiance sonore, la musique. Encore une fois, je ne cherche pas le réalisme sonore, mais des ambiances ou son symbolique qui pourraient à la fois représenter aussi bien une tension, qu’un lieu. Le son nous permet de figurer les différents espaces dans lesquels évoluent les personnages.

En suivant cette traversée symbolique, amenée par la vidéo, et le son, j’imagine également un plafond d’ampoule accroché en X , en croix, comme représentation d’un évènement important, bien souvent joyeux, une fête, un mariage, puisqu’il est quand même question d’une certaine libération, à la fois de cette femme, mais aussi de la parole, même si celle-ci débute par la mort d’un homme.

Que pouvons-nous cautionner ? Que pouvons-nous entendre ?

 

Pour finir, mon installation scénique et représentative, j’aimerais réfléchir à l’ancrage de ces personnages. Sur quoi marchent-ils ? Quel est le sol dans lequel ils sont ancrés ?

On pourrait penser, que le sol est recouvert de terre, symbole de la tombe qu’ils creusent ou d’un drap rouge, symbole du meurtre qu’elle a commis, ou d’un carrelage de cuisine, là où les violences se sont maintes fois répétées. Au-delà, de la multiplicité des lieux, je veux me demander ce que leurs pieds touchent.

 

Enfin, cette pièce tire une longue frontière entre le tragique, le trivial et le rire. Cette longue et mince frontière est ce qui est à l’origine de mes créations car c’est à mon sens l’essence même de l’humanité, du vivant. J’aime travailler sur la beauté du trivial et le rire que celui peut à apporter à une situation dramatique. Qu’est que cela représente d’enterrer un corps quand on l’a jamais fait ? Comment réagir face à autrui ? Et si en plus on n’arrive pas à remettre la main sur ses cigarettes ?

Cette petite humanité est nécessaire au rire et à l’identification qui doit être la colonne vertébrale de la mise au plateau de “Sans poser de question”. Je veux travailler sur la frontière à la croisée des genres que donne à entendre le texte.

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